Du Grand Ecran de Chennaï à l'authenticité d'Hampi.

A Pondicherry je ne restais qu'un brève instant, déçu par l'aspect très (trop?) colonial de la petite ville. Les Français étaient effectivement loin d'avoir abandonné l'ex-comptoir et je ne fus que très partiellement sensible au charme de la ville. De plus, entendre parler notre chère langue nationale à tous les coins de rues me poussait à fuir la zone plus rapidement que prévu! En avant pour Chennaï, donc. Dans l'ancienne Madras m'attendait Lead, un couch-surfer pour le moins généreux puisqu'il se plaisait à héberger absolument tous les voyageurs qui le lui demandaient! Il fut amusant et vraiment plaisant d'intégrer le véritable melting-pot de nationalités que constituait la population de backpackers qui peuplait son appartement. L'enchevêtrement de sacs, de matelas et de vêtements qui ne tarda pas à joncher le salon acheva de transformer la pièce en un véritable camp de réfugiers!

C'est dans ce joyeux bordel que je rencontrais Max et Viki, un sympathique couple d'artistes (photographes) parcourant le pays dans le but d'étoffer un travail artistique sur le cinéma Indien. Ayants sympathisé, ils eurent la gentillesse de m'ouvrir les portes du 7ème art national puisque j'eus la chance de venir les assister dans leur travail! C'est donc en la qualité d'assistant chargé de l'éclairage (rien que ça!) que je passais les portes des "Studios AVM" de Madras!

Il fut agréable de découvrir l'envers du décors de ces films édulcorés dont seul les indiens ont le secret! Et on se plu à arpenter sans scrupules ni limites les plateaux de tournage en plein shootings dans ces faux décors toujours surprenants d'extravagance! Photographiant de-ci, de-là; même les officiels de la production se laissèrent impressionner par l'assurance de Max et ne nous refusèrent rien!

A l'heure du break, un nombre conséquent de techniciens nous pressaient de questions, impressionnés à l'énoncé de nos nationalités: "Un belge, une canadienne, un français: vous devez être une équipe de talent pour qu'on vous envoie aussi loin de chez vous!" Et même lorsqu'on avouait que Max ne travaillait que pour son propre compte, cela n'entachait en rien la sympathie que nous portaient nos nouveaux admirateurs!

On retourna tout au long de la semaine traîner aux studios, puis finalement je me résignait à quitter mes amis: sans trop de tristesse cependant car nous avions convenu de nous retrouver à Hyderabad: bastion musulman de l'Inde où j'avais usé de mes nouvelles relations afin de trouver à Max et Viki un lieu où habiter gratuitement! Nous nous retrouverions donc chez ce couch commun. Max me gratifia toutefois d'un cliché fort sympathique, afin de me remercier de mes bons et loyaux services d'apprenti photographe! Ainsi puis-je me faire tirer le portrait au milieu de la "vraie-fausse-ville" des studios AVM...

En attendant, j'avais dans l'idée de me diriger vers le petit village d'Hampi, célèbre dans toute l'Inde pour ses innombrables et inestimables vestiges architecturaux. Situé en pleine campagne, à mi-chemin entre Bangalore et Hyderabad, le site fut à la hauteur de sa réputation.

Bordé d'immenses plantations de bananes et de cocotiers, Hampi n'est en fait que le centre d'un immense site archéologique à ciel ouvert. Je me résolu à louer une petite moto à un prix dérisoir afin de pouvoir en faire le tour en quelques jours sans m'épuiser en randonnées inutiles!

La vallée d'Hampi regorge de sites plus majestueux les uns que les autres ainsi que de trésors surprenants comme quelques Ganesh  et autres dieux représentés d'un bloc en autant d'immenses gardiens monolithiques.

Une des attraction-phare d'Hampi était également le magnifique Temple de Vittala, ou se trouve un chariot-sculpté d'une rare finesse. On dit qu'a l'époque le chariot était même capable de rouler!

J'eus également le plaisir de rencontrer LA star de la région, une belle enfant de 21 ans répondant au doux nom de Lakshmi... Ayant sympathisé avec son Cornac, c'est quasiment tous les jours que je me rendais au temple pour nourir, caresser ou même simplement contempler les 6 tonnes d'intelligence de l'éléphant sacré. Au moment de quitter la région, lors de ma dernière visite au duo, j'eus le plaisir de recevoir un magnifique présent sous la forme d'une photo que pris pour moi le Cornac qui -même si Lakshmi était habituée à bénir les pèlerins en échange d'une pièce qu'elle offrait directement à son maître (!!)- ne me demanda absolument rien du tout.

J'appréciais donc sincèrement mon séjour à Hampi, car même si je savais qu'en pleine saison le visage du petit village changeait du tout au tout, j'eus plaisir à ressentir son "authenticité de basse saison".

Ainsi quittais-je Hampi reposé, laissant ses vestiges, sa verdure et son calme inespéré derrière moi pour rejoindre le brouhaha d'Hydérabad ou m'attendais quelques amis allemands, ainsi que Max et Viki.